le mur des noms



Dans le journal l'Alsace

Mur des noms : le projet élargi

Le président du Grand Est, Jean Rottner, a installé, lundi, un conseil scientifique pour relancer le projet de « Mur des noms ». Mais l’appellation initiale, choisie par son prédécesseur Philippe Richert, a disparu.

Exit le Mur des noms. Du moins sur le papier. « On a préféré changer de terminologie » , concède Pascal Mangin, président de la commission culture du Grand Est, à propos de la nouvelle version de « monument » à la mémoire des 54 000 morts et disparus alsaciens-mosellans de la Seconde Guerre mondiale. « Avec Jean Rottner, nous trouvions le terme trop dur. Un mur sépare. Il s’agira d’un monument qui peut prendre la forme d’un mur ou… une autre forme. Il appartiendra au conseil scientifique de faire des propositions » , explique Pascal Mangin. Alors que le projet était en attente depuis le départ de Philippe Richert, le conseil régional du Grand Est a annoncé, hier, l’installation, par son président, d’ « un conseil scientifique d’une vingtaine d’universitaires et de personnalités reconnues pour leurs travaux sur les questions mémorielles ». Elles sont chargées de déminer le terrain, tout en s’inscrivant « dans le travail engagé » sous la présidence Richert.
Plutôt un espace commémoratif
Sur le fond, il s’agit de dépasser la polémique née de l’idée d’une seule liste alphabétique, gravée sur un mur installé dans la montée vers le Mémorial d’Alsace-Moselle à Schirmeck. Très vite, les représentants des déportés résistants, mais aussi les membres de la communauté juive, avaient pris leurs distances. Si tous – ou presque – admettent que les incorporés de force morts sous l’uniforme nazi ont été enrôlés sous la contrainte, cette proximité avec leurs propres victimes leur semblait trop douloureuse. Certains avaient proposé de consacrer ce « mur » aux seuls Malgré-Nous…

Depuis l’automne, Pascal Mangin a rencontré les représentants des associations concernées. Il a aussi échangé avec le nouveau grand rabbin de Strasbourg. Après ces entretiens, « il est apparu qu’ un chemin est possible, dans le respect de tous », selon le président Rottner. Il a demandé à Frédérique Neau-Dufour, historienne et directrice du Centre européen du résistant-déporté du Struthof, de présider ce conseil scientifique. Elle connaît bien ces questions liées à la mémoire.

À côté des historiens alsaciens, connaisseurs de l’incorporation de force, déjà présents, du sociologue Freddy Raphaël, des responsables des archives des trois départements et de la directrice du Mémorial d’Alsace et de Moselle, elle a proposé également des experts reconnus du nazisme, de la Shoah, de la résistance et de la déportation. La directrice générale des Anciens combattants a aussi été sollicitée. Les associations pourront être entendues… « Il y a une vraie volonté de continuer le projet » , relève Frédérique Neau-Dufour, satisfaite de pouvoir travailler « en toute liberté, sans pression ».

Selon elle, « un des enjeux est de rassembler les morts et disparus alsaciens-mosellans dans un même espace, tout en faisant comprendre qu’ils ne sont pas morts pour les mêmes raisons ». « Cela ne signifie pas que certains morts sont plus honorables que d’autres. Mais il faut mettre dans leur contexte les différentes histoires qui ont coexisté sur les territoires annexés » , souligne la présidente qui préfère parler d’ « espace commémoratif ». Avec la possibilité de s’appuyer sur le numérique qui est beaucoup plus souple et permettra de tenir compte de recherches ultérieures. Mais rien n’est figé.

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