Vastes Forêts, Forêts magnifiques et fortes, Quel infaillible instinct nous ramène toujours Vers vos vieux troncs drapés de mousses de velours Et vos étroits sentiers feutrés de feuilles mortes ?
Le murmure éternel de vos larges rameaux Réveille encore en nous, comme une voix profonde, L’émoi divin de l’homme aux premiers jours du monde, Dans l’ivresse du ciel, de la terre, et des eaux.
...
Quand le vent frais de l’aube aux feuillages circule, Vous frémissez aux cris de mille oiseaux joyeux ; Et rien n’est plus superbe et plus religieux Que votre grand silence, au fond du crépuscule… ...
Nobles Forêts, Forêts d’automne aux feuilles d’or, Avec ce soleil rouge au fond des avenues, Et ce grand air d’adieu qui flotte aux branches nues Vers l’étang solitaire, où meurt le son du cor.
... Ô vertes profondeurs, pleines d’enchantements, Bancs de mousse, rochers, sources, bruyères roses, Avec votre mystère, et vos retraites closes, Comme vous répondez à l’âme des amants !
Dans le creux de sa main l’amante a mis des mûres ; Sa robe est claire encore au sentier déjà noir ; De légères vapeurs montent dans l’air du soir, Et la forêt s’endort dans les derniers murmures. ... ** Forêts d’amour, Forêts de tristesse et de deuil, Comme vous endormez nos secrètes blessures, Comme vous éventez de vos lentes ramures Nos coeurs toujours brûlants de souffrance ou d’orgueil.
Tous ceux qu’un signe au front marque pour être rois, Pâles s’en vont errer sous vos sombres portiques, Et, frissonnant au bruit des rameaux prophétiques, Écoutent dans la nuit parler de grandes voix.
Tous ceux que visita la Douleur solennelle, Et que n’émeuvent plus les soirs ni les matins, Rêvent de s’enfoncer au coeur des vieux sapins, Et de coucher leur vie à leur ombre éternelle.
Salut à vous, grands bois à la cime sonore, Vous où, la nuit, s’atteste une divinité, Vous qu’un frisson parcourt sous le ciel argenté, En entendant hennir les chevaux de l’Aurore.
Salut à vous, grands bois profonds et gémissants, Fils très bons et très doux et très beaux de la Terre, Vous par qui le vieux coeur humain se régénère, Ivre de croire encore à ses instincts puissants :
Hêtres, charmes, bouleaux, vieux troncs couverts d’écailles, Piliers géants tordant des hydres à vos pieds, Vous qui tentez la foudre avec vos fronts altiers, Chênes de cinq cents ans tout labourés d’entailles,
Vivez toujours puissants et toujours rajeunis ; Déployez vos rameaux, accroissez votre écorce Et versez-nous la paix, la sagesse et la force, Grands ancêtres par qui les hommes sont bénis.
(octobre 1896) Albert Samain, Symphonie héroïque https://fr.wikipedia.org/wiki/Albert_Samain poème "complet":https://www.poetica.fr/poeme-1698/albert-samain-forets/
"Forêts""
RépondreSupprimerVastes Forêts, Forêts magnifiques et fortes,
Quel infaillible instinct nous ramène toujours
Vers vos vieux troncs drapés de mousses de velours
Et vos étroits sentiers feutrés de feuilles mortes ?
Le murmure éternel de vos larges rameaux
Réveille encore en nous, comme une voix profonde,
L’émoi divin de l’homme aux premiers jours du monde,
Dans l’ivresse du ciel, de la terre, et des eaux.
...
Quand le vent frais de l’aube aux feuillages circule,
Vous frémissez aux cris de mille oiseaux joyeux ;
Et rien n’est plus superbe et plus religieux
Que votre grand silence, au fond du crépuscule…
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Nobles Forêts, Forêts d’automne aux feuilles d’or,
Avec ce soleil rouge au fond des avenues,
Et ce grand air d’adieu qui flotte aux branches nues
Vers l’étang solitaire, où meurt le son du cor.
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Ô vertes profondeurs, pleines d’enchantements,
Bancs de mousse, rochers, sources, bruyères roses,
Avec votre mystère, et vos retraites closes,
Comme vous répondez à l’âme des amants !
Dans le creux de sa main l’amante a mis des mûres ;
Sa robe est claire encore au sentier déjà noir ;
De légères vapeurs montent dans l’air du soir,
Et la forêt s’endort dans les derniers murmures.
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Forêts d’amour, Forêts de tristesse et de deuil,
Comme vous endormez nos secrètes blessures,
Comme vous éventez de vos lentes ramures
Nos coeurs toujours brûlants de souffrance ou d’orgueil.
Tous ceux qu’un signe au front marque pour être rois,
Pâles s’en vont errer sous vos sombres portiques,
Et, frissonnant au bruit des rameaux prophétiques,
Écoutent dans la nuit parler de grandes voix.
Tous ceux que visita la Douleur solennelle,
Et que n’émeuvent plus les soirs ni les matins,
Rêvent de s’enfoncer au coeur des vieux sapins,
Et de coucher leur vie à leur ombre éternelle.
Salut à vous, grands bois à la cime sonore,
Vous où, la nuit, s’atteste une divinité,
Vous qu’un frisson parcourt sous le ciel argenté,
En entendant hennir les chevaux de l’Aurore.
Salut à vous, grands bois profonds et gémissants,
Fils très bons et très doux et très beaux de la Terre,
Vous par qui le vieux coeur humain se régénère,
Ivre de croire encore à ses instincts puissants :
Hêtres, charmes, bouleaux, vieux troncs couverts d’écailles,
Piliers géants tordant des hydres à vos pieds,
Vous qui tentez la foudre avec vos fronts altiers,
Chênes de cinq cents ans tout labourés d’entailles,
Vivez toujours puissants et toujours rajeunis ;
Déployez vos rameaux, accroissez votre écorce
Et versez-nous la paix, la sagesse et la force,
Grands ancêtres par qui les hommes sont bénis.
(octobre 1896) Albert Samain, Symphonie héroïque
https://fr.wikipedia.org/wiki/Albert_Samain
poème "complet":https://www.poetica.fr/poeme-1698/albert-samain-forets/
Ah JJ ! une seconde j'ai pensé que tu avais pris le crayon pour te mettre à l'écriture. J'attends toujours...Mais c'est un beau texte !
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